Fiche technique SOL (Collectif Richesses)

Le SOL, lancé en France sous forme expérimentale en 2005, pourrait se décrire comme une « boite à outils » monétaire : levier pour une économie écologique et sociale, échanges temps, comportements solidaires, monnaie affectée… Les avoir sous un même projet permet d’imaginer des interactions entre elles, et de construire un outil monétaire qui s’intéresse aux différentes facettes de nos
échanges.

Origines et objectifs

  • L’idée du projet SOL est née en 1999, lors d’un séminaire sur les « Monnaies Plurielles » organisé par la revue « Transversales Sciences Cultures ». Dans la lignée des réflexions qui se sont alors engagées, Patrick Viveret propose, dans son rapport « Nouveaux indicateurs de Richesse », « l’expérimentation d’une monnaie sociale incitatrice de comportements civiques solidaires et écologiquement responsables».
  • En 2004, la possibilité de répondre à un appel d’offres du Fonds Social Européen, dans le cadre du programme Equal a permis de lancer cette expérimentation sur cinq régions françaises (Bretagne, Nord pas de Calais, Ile de France, Rhône Alpes et Alsace), avec l’appui de quatre entreprises de l’économie sociale (MACIF, MAIF, Crédit Coopératif et Chèque Déjeuner) et des Conseils Régionaux des régions concernées.
  • Le SOL est un outil pour développer des échanges qui ont du sens. Il se donne des objectifs ambitieux :
    • développer une économie à valeur ajoutée écologique et sociale,
    • Rendre visible l’ensemble des richesses des activités humaines aujourd’hui invisibles ou dévalorisées,
    • Faciliter les échanges, créer des mécanismes de solidarité et de coopération entre différents acteurs,

Comment fonctionne-t-il ?
Le SOL est une « boite à outils », qui peut se décliner sous différentes formes. Il s’organise autour de deux grands axes d’échanges : Dans la sphère des échanges marchands : avoir un regard sur la nature et les formes de production des biens et services, favoriser une économie à forte valeur ajoutée écologique et sociale. C’est le SOL coopération. dans la sphère des échanges non‐marchands : mettre en valeur le potentiel de création de richesses et d’échange de chacun en favorisant les échanges de temps et de savoirs et en se dotant d’un outil de comptabilisation de tous les engagements volontaires qui contribuent à un mieux vivre ensemble. C’est le SOL engagement, ou SOLTemps

Le SOL Coopération : le SOL des échanges marchands.
Nous privilégions ici, et dans un premier temps, la présentation de ce SOL des échanges marchands. Cette présentation sera complétée par la suite avec plus d’informations sur les autres facettes de SOL.

  • Dans sa version « carte de fidélité » de l’économie sociale et solidaire.
  • Les entreprises participant au réseau distribuent des sols à leurs clients en échange d’achats, comme dans un système de fidélité tels que ceux que nous connaissons (proposés par différentes enseignes).
  • Le SOL est gagé sur l’euro. Les entreprises souhaitant distribuer des SOLs doivent donc les « acheter » (échanger des euros contre des SOLs à distribuer, ces euros venant abonder le fonds de garantie du projet).
  • Les entreprises acceptent également des SOLs en paiement de leurs produits.
  • Si on regarde le système du coté du consommateur : celui ‐ci reçoit des SOLs lorsqu’il fait ses achats dans une structure du réseau, en « échange » de sa « fidélité » (du choix d’une consommation responsable) à ce réseau et ces commerces. Il peut ensuite utiliser ces SOLs pour ses achats futurs dans la même structure ou dans toute autre structure du réseau.
  • Les entreprises participant au réseau doivent être agréées, sur la based’une charte et d’un dossier d’agrément. Les agréments sont délivrés localement, par les associations ou comités locaux SOL. (le dossier d’agrément reprend les piliers du développement durable. Plus que des critères précis, c’est l’idée d’une progression dans la prise en compte des critères de développement durable qui est privilégiée).
  • Le Sol est une monnaie fondante. Les particuliers qui n’utilisent pas leur SOL voient ceux‐ci perdre de leur valeur au cours du temps. La fonte vient alimenter un fonds commun qui pourra être affecté à des projets solidaires. Le SOL ne fond pas au niveau des entreprises.
  • Mais le SOL va aujourd’hui beaucoup plus loin : en élargissant son action, le Sol coopération devient également un outil pour le développement de l’économie locale. En effet, il est proposé à toute personne, entreprise, organisme (adhérant à l’Association), de transformer ses euros en SOLs, et ainsi de venir abonder une « masse monétaire » ne circulera que localement et dans le réseau des entreprises (locales, agréées) qui acceptent la monnaie SOL. En favorisant les achats et les échanges au sein de ce réseau, on favorise son activité.

Cette nouvelle facette de SOL est déjà expérimentée par exemple à Toulouse. A Toulouse, dans le cadre de l’expérimentation qui démarre, une partie des Sols prévus à la circulation seront achetés par la Mairie de Toulouse, contre
des euros. Ils seront alors redistribués par la mairie, affectés à des usages respectueux des hommes et de la nature en privilégiant une alimentation saine, les transports collectifs, les biens ou services à dimension culturelle ou
sportive et les commerces de proximité. Cette distribution se fera via les CCAS, les associations de chômeurs, les services municipaux ou les entreprises d’économie mixte aux citoyens ayant un profil correspondant aux enjeux de l’expérimentation (Habitants en situations d’exclusion, familles nombreuses, citoyens aux comportements d’achat éthique,…). Les bénéficiaires pourront utiliser les Sols dans l’ensemble du réseau.

Des particuliers peuvent également échanger des euros en SOLs, contribuant de la même manière au développement de ce réseau.

  • Le SOL coopération peut également être utilisé comme outil pour des politiques publiques, sous la forme de monnaie affectée en SOLs (aides financières à un public déterminé).
  • Ainsi, par exemple, durant la phase expérimentale du SOL, la Mairie de Carhaix a distribué des Sols pour aider les familles à inscrire leurs enfants aux activités culturelles et sportives proposées par les associations de la bville.
  • Cela revient en fait à coupler une politique publique avec la volontébd’appuyer un certain type d’économie puisque la monnaie affectée ne pourra être utilisée que chez un certain type de prestataires (entreprisesbactives dans le secteur concerné et participant au réseau SOL)

Les caractéristiques techniques.

  • Lors du démarrage de l’expérimentation (en 2005) le choix avait été fait d’une monnaie dématérialisée, une carte à puce, les transactions se faisant par l’intermédiaire d’un terminal de paiement ou directement par une interface web. Chaque porteur de carte dispose d’un compte individuel qu’il peut consulter à tout moment.
  • Aujourd’hui, le SOL expérimente également les bons‐papier, à partir de l’expérimentation à Toulouse. La possibilité de réaliser les transactions par téléphone portable devra également être mise en place.
  • Enfin, le Sol a démarré avec une parité 1 SOL = 10 cents d’Euro, (et c’est sans doute dans cette configuration que vous en avez entendu parler). Mais, afin de simplifier les choses et de rendre l’utilisation de la monnaie SOL plus aisée, l’association SOL a décidé de passer à la parité : 1 SOL = 1 €. (Techniquement, tous les comptes SOL seront mis à jour automatiquement à une date précise. Ainsi, si vous disposez par exemple de 43 SOL, après cette mise à jour, votre compte affichera 4,30 SOL (soit toujours l’équivalent de 4,30 €).

Le SOL Engagement : C’est le SOL des échanges non marchands.
Il concerne différents types d’échanges :

  • D’abord les échanges de temps, de savoirs et de services entre personnes et associations. Dans ce cas, le SOL permet de dépasser des échanges restreints entre deux personnes (je te donne du temps mais cela suppose que tu aies aussi du temps à me donner en retour sur ce dont j’ai besoin), en inscrivant les échanges dans un cercle plus large, et de différer les échanges dans le temps (je te donne du temps maintenant mais je ne vais utiliser ce crédit de temps que plus tard).
  • Le SOL permet également la valorisation d’engagements et d’activités à caractère écologique social et solidaire (par exemple des engagements associatifs sur des activités de solidarité). Dans ce cas, l’engagement ne demande pas forcément du temps en retour sur autre chose, mais le SOL permet de mettre en valeur ce temps d’engagement car c’est une richesse donnée à la société, à valoriser en tant que telle. 

On donne du temps, on reçoit du temps, on s’investit dans des comportements solidaires… (une bourse d’entraide entre jeunes, ou encore des échanges de temps entre associations de quartiers pour l’organisation de manifestations ou pour toute autre activité, un engagement sur des activités écologiques,…. Chaque compte SOL est crédité ou débité en fonction de ces échanges. La convention utilisée ici est celle du temps passé avec les ajustements nécessaires en fonction du type d’échange. Un SOL = 10 minutes. Ainsi, le SOL engagement se crée tout simplement du fait de l’échange ou de la mise en oeuvre de ses richesses et de comportements solidaires.

  • Enfin, cet engagement de personnes peut être couplé avec une monnaie affectée en SOLs. Par exemple, une collectivité émet un SOL à vocation culturelle en direction des jeunes en échange d’un engagement de ces jeunes à une dynamique d’accompagnement des enfants en milieu périscolaire. Ces SOLs peuvent alors être utilisés par les jeunes pour l’accès aux équipements culturels.
  • Ainsi le SOL engagement permet de rendre visible et de valoriser l’offre de richesse portés par les habitants d’un territoire et les comportements solidaires et d’entraide mis en oeuvre.

Ce que permet le SOL.
Le SOL est un outil monétaire visant à faciliter les échanges et créer des mécanismes de solidarité et de coopération entre différents acteurs et promouvoir un développement humain et solidaire.

  • Pour ce qui concerne le SOL coopération, au‐delà de l’idée du développement des entreprises du réseau par le choix de la consomm’action, on remarque également la mutualisation des clientèles des membres du réseau (Les clients découvrent d’autres commerçants, de nouveaux produits).
  • Du coté des entreprises, travailler ensemble sur un projet de ce type a également permis la mutualisation de la communication (et la possibilité de communiquer ensemble sur des valeurs ‐ type de communication que chaque entreprise n’a pas forcément le temps de faire de son coté), la mutualisation des compétences entre entreprises, le développement de la coopération entre elles et la réalisation d’actions communes.
  • Par ailleurs, le fait de travailler, en parallèle, sur les échanges économiques et sur les échanges non monétaires permet une approche globale de l’ensemble des richesses présentes sur un territoire et de leur diversité.
  • Enfin, le SOL se propose d’être un outil commun à différents territoires. De cette façon, il permet leur interconnexion (les unités d’échange peuvent être utilisées dans les différents territoires où elles ont cours) et dessine une stratégie d’ensemble, couplant développement de chaque territoire et vision globale d’une économie et d’un développement humain, écologique, solidaire.

La gouvernance.

  • Le SOL a pu être lancée grâce à la mobilisation de personnes, d’associations, des acteurs économiques qui ont soutenu et financé le projet, et des collectivités territoriales qui se sont engagées dans la démarche.
  • Le SOl est ainsi porté par des acteurs divers, qui partagent des valeurs et une visée, mais qui ont chacun des intérêts particuliers, quelques fois en tension, et qu’il s’agit de faire travailler ensemble dans un même projet, au sein de l’Association SOL. Ce n’est pas facile, mais c’est probablement l’un des enjeux de SOL.
  • Au niveau des territoires, le SOL est porté et gouverné par les CLAS (Comités Locaux de l’Association SOL ‐ constitués en Association ou groupes informels), regroupant l’ensemble des acteurs (entreprises, citoyens, membres fondateurs du SOL, partenaires) participant à la dynamique locale du SOL.
  • L’animation des acteurs sur le territoire est un élément important de la dynamique. Il permet de mettre en lien les entreprises, d’appuyer la coopération et la mutualisation, de véritablement constituer une « communauté d’acteurs ».

Où en est on ?

  • Aujourd’hui, le SOL est en circulation ou en projet à Carhaix, Lille et région lilloise, Viry Chatillon (Essonne), Mulhouse (Alsace), Franche Comté, Chambéry, Grenoble, Toulouse.
  • A fin 2010, on compte 160 entreprises et plus de 3.000 porteurs de carte SOL (toutes les cartes n’étant pas actives)
  • Le volume total des transactions en SOLs a été, pour 2010, de 10.000 euros.

 

 

Retrouvez l’intégralité du Cahier d’Espérances Richesses et Monnaies

Références
http://www.solreseau.org

Quelques sites des territoires SOL :