6. Le tout articulé autour d'une monnaie complémentaire

Un outil pour passer d’un développement durable à un développement durable LOCAL !

Une des caractéristiques innovantes du projet Gota Verde est l’introduction d’une monnaie locale complémentaire, les Peces,  émise par l’entreprise BYSA (Biocombustible de Yoro, SA).

C’est quoi les Peces ?

En réalité, les Peces ne peuvent pas être qualifiés de monnaie (pour des raisons légales), ils sont plutôt décrits comme des « bons d’échange ». Les Peces circulent à Yoro et promeuvent les échanges solidaires de biens et de services. Avec ces bons on peut faire ses achats dans un réseau de petits commerces locaux affiliés. Fin février 2009, les premiers Peces commencent à circuler.

Quel est l’objectif ? Enrayer la fuite de l’argent !

Prenons une métaphore. Notre économie locale est symbilisée par un seau et l’eau qu’il contient représente l’argent. Plus le seau a de trous, plus l’eau s’écoule hors du seau. Si nous dépensons notre argent majoritairement en dehors de notre localité, c’est comme si on mettait de l’eau dans un seau percé. Au final, l’argent finit sur les grands marchés boursiers (New York, Londres ou Tokyo), loin des zones rurales qui manquent dramatiquement de ressources pour se développer.

dessin de la NEF (New Economic Fundation)

Grâce à la monnaie locale, la richesse générée par le projet Gota Verde reste à Yoro et ne fuit pas vers la capitale ou à l’étranger (puisqu’elle n’a aucune valeur en dehors de Yoro).

D’où vient le nom Peces ?

Le nom de la monnaie n’a pas été choisi au hasard, il fait écho à un phénomène météorologique extraordinaire qui se produirait chaque année à Yoro, entre mai et juin, « la lluvia de peces », littéralement « la pluie de poissons ».

Légende, miracle ou phénomène naturel ? Si l’on n’a pas trouvé d’explications scientifiques, certains habitants de Yoro témoignent et racontent … le ciel commence à s’obscurcir, puis s’ensuit tonnerre et éclairs et une pluie torrentielle de quelques heures. Une fois que la pluie a cessé, on trouve des centaines de poissons éparpillés par terre, certains toujours vivants. Certains disent que les poissons emprunteraient un fleuve souterrain puis remonteraient à la surface par des petits trous imperceptibles …Plus d’infos.

Après cette parenthèse fantastique, revenons au cœur de notre sujet, le mécanisme de fonctionnement de cette monnaie complémentaire.

Comment tout ça fonctionne ?

1 pez = 1 lempira (monnaie nationale du honduras), la parité est totale.

Les peces ont une finalité sociale : lutter contre la pauvreté en fortifiant et développant l’économie locale. C’est une monnaie complémentaire, qui n’a donc pas vocation à se substituer à la monnaie nationale.

Que peut-on payer en peces ?

Les responsables du projet ont dû convaincre les petits commerçants locaux d’accepter les paiements en peces. Ainsi s’est créé progressivement un réseau d’affiliés acceptant les peces qui compte aujourd’hui une trentaine de commerces : pharmacie, restaurants, supermarché, épiceries, drogueries, boucherie, service de transport, opticiens … ils peuvent ainsi espérer capter une nouvelle clientèle (employés et associés de BYSA), bénéficier de formations pour développer leur activité, sans oublier l’aspect « sécurité » puisqu’ils ont moins de lempiras (monnaie nationale) en caisse.

Avec les peces, on ne peut pas TOUT payer, mais un paiement en peces peut donner droit à certaines réductions dans les commerces affiliés.

1.    BYSA émet une certaine quantité de peces, leur valeur est adossée sur les stocks de biocarburants ou sur la monnaie nationale (lempiras). La question du « respaldo », de l’adossement de la monnaie, est cruciale pour instaurer la confiance dans une nouvelle monnaie. Rappelons, qu’il y a encore quelques années, nos monnaies nationales étaient adossées à une réserve en or, aujourd’hui c’est l’étalon dollar …

2.    Les petits producteurs vendent leurs semences à BYSA qui les paye (en partie) en peces.

3.    Les petits producteurs utilisent leurs peces, pour acquérir biens et services dans les commerces locaux, affiliés du réseau.

4.    Les commerces locaux (ou petits producteurs) achètent leur biocarburant ou autres produits à BYSA en peces ou échangent entre eux.

 

“The local currency scheme aims to increase the impact of the “new oil wealth” on the local economy by stimulating that the purchasing power is spent locally. (…) The new currency reduces financial costs and increases sales for BYSA, while at the same time it enhances the impact of the biofuel chain on the local economy as a whole.” Peter Moers, ancien coordinateur du projet Gota verde.

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7.  Au coeur du projet, la campagne de sensibilisation pour apprécier nos ressources locales, Apreciando Lo Nuestro.

Description du fonctionnement des peces sur le site gotaverde (en espagnol)