Portrait Beatriz Tela – micro entrepreneuse
Le troc relance l’entreprenariat
Beatriz Tela a 59 ans, elle est « tisseuse » et fait partie d’une coopérative de la province de Buenos Aires. Elle nous raconte comment le troc lui a permis de relancer son activité pendant la crise, comment le troc a changé sa vie.
Beatriz vivait à Traslaserria, un petit village de la province de Cordoba. En 1997, elle entend parler du troc à la radio. Traversant une période difficile tant économiquement qu’émotionnellement, l’idée du troc la touche particulièrement. Elle rejoint d’abord un nodo dans sa région mais Beatriz a l’intuition que le concept du club de troc peut aller bien plus loin. Souhaitant renforcer son engagement et son implication dans le réseau, elle décide de se rendre à Buenos Aire (8 mois plus tard, elle s’y installera définitivement). Beatriz fait le tour de différents nodos et rejoint finalement le nodo Obelisco qui propose un programme de formation pour lancer des microentrepreneurs (pour opérer dans les clubs de troc comme dans le marché formel).
Beatriz bénéficiera du premier programme de microcredit du nodo Obelisco. Avec Ana, Marta, Susana, et Lucia, elles forment le groupe « Fusion Cinco ».Chacune reçoit un prêt de 1000 créditos (à rembourser sur 3 mois) pour lancer sa propre activité mais toutes sont responsables les unes des autres. Si leurs activités sont différentes, elles sont toutes liées au même secteur d’activité (vêtements artisanaux). L’idée est de développer la capacité entrepreneuriale individuelle grâce à l’appui du groupe. Les sessions de formation sont délivrées tous les mercredis, de 18h à 20h30. Elles sont complétées par des sessions de 8 heures dédiées au travail en groupe, tous les 45-60 jours. Chaque semaine, le groupe rend compte de ses avancées pour être en mesure de partager ses succès et de solliciter de l’aide pour dépasser ses difficultés. Le programme de formation est payant mais en creditos.
Beatriz parviendra à acheter sa matière première (la laine) auprès d’un grossiste en créditos. 3 mois après, le pari est réussi, chacune a réussi à lancer son activité et toutes ont remboursé le prêt.
« Le paradigme de l’abondance était réel, c’est un concept qu’il faut construire chaque jour (…) cette expérience fut une véritable impulsion, depuis je n’ai jamais arrêté mon activité »