Les Fondamentaux

Clubs de troc

 

Dans la catégorie « club de troc » nous classons les groupes de citoyens qui échangent entre eux biens et services,  sans argent conventionnel (ni €, ni $, ni £ …), mais au moyen d’une monnaie ad-hoc (créée par et pour le groupe, qui n’a de valeur qu’au sein de cette nouvelle communauté d’échanges).  On y regroupe les LETS (Local Exchange Trading System), les SEL (Systèmes d’Echanges Locaux), les Banques de Temps et Accorderies, el trueque argentin et los sistemas de trueke du Venezuela.

Dans les années 80, 90, naissent les LETS et leurs homologues français, les SEL.  Le premier SEL voit le jour en Ariège en 1994, on en compte aujourd’hui quelques centaines en France. Fin des années 2000, en Argentine, les clubs de troc connaissent  un engouement et un développement exceptionnel avec el trueque réunissant des millions de personnes.  Au Venezuela, les clubs de troc sont un projet politique. En 2006, le président Chavez lance los sistemas de trueke, dans le cadre de la construction de son économie socialiste. Depuis quelques années, les clubs de troc connaissent un nouvel élan avec l’arrivée des Accorderies, un concept solidaire qui vise à lutter contre la pauvreté et l’exclusion, où l’on échange exclusivement des services. Lancées en 2002 au Québec, la première accorderie a été inaugurée à Paris en novembre 2011.

Une organisation citoyenne spontanée

Les clubs de troc sont des groupes de personnes (souvent les habitants d’un même quartier)  qui décident de s’organiser pour échanger entre elles des biens et des services, sans avoir recours à l’argent conventionnel. Ils naissent souvent de façon spontanée, en réponse à des besoins qui ne sont pas satisfaits par les pouvoirs publics, ni le marché et les entreprises privées. On a vu par exemple, récemment, se former des clubs de troc en Grèce, à Volos, pour échanger biens et services, quand le pouvoir d’achat est largement entamé par la crise.

Du troc multiréciproque

 

schema_club_de_troc

On les appelle « clubs de troc » mais ce n’est pas vraiment du troc. Le terme « troc » fait souvent référence à ce qu’on appelle du « troc de gré à gré » : 2 personnes échangent entre elles 2 produits, de valeurs équivalentes, à un même moment. Dans ce modèle, les possibilités d’échange sont donc assez limitées, c’est d’ailleurs pour cela qu’on a inventé la monnaie pour multiplier et faciliter les échanges. Dans les clubs de troc, on utilise aussi une monnaie, dite complémentaire, qui ne peut être utilisée qu’au sein du club. Cette monnaie retrouve alors ses fonctions originales : unité de compte, moyen de paiement et réserve de valeur (on peut différer son achat dans le temps). C’est du troc multiréciproque, comme l’illustre le schéma ci-contre. Comme la monnaie traditionnelle, cette monnaie complémentaire peut prendre différentes formes : papier  ou électronique.

Le prosommateur : producteur + consommateur

L’idée centrale des clubs de troc, c’est d’échanger l’excédent de sa production personnelle, produire pour consommer.« L’essence des clubs de troc c’est la culture du travail. La finalité du troc n’est pas d’acheter et vendre, mais de produire »  José Sandler (coordinateur du Globito Azul, Viedma

 

 

Un système monétaire  parallèle, complémentaire,  qui ne se mélange pas à la monnaie nationale

Les monnaies complémentaires des clubs de troc ne sont pas convertibles en monnaie nationale, ce sont 2 circuits de monnaies bien séparés.  Chaque initiative est autonome, indépendante, elle imagine son propre modèle et ses propres règles.

Chaque club de troc définit ses objectifs et sa communauté d’échange

  • L’Accorderie du 19ième (Paris) est destinée en priorité aux habitants du 19ième et vise à lutter contre la pauvreté et l’exclusion et à favoriser la mixité sociale;
  • Le SEL de Paname accueille des personnes des quatre coins de Paris et vise surtout  à recréer le lien social;
  • Le SEL du WWF (ONG environnementale) s’adressait en priorité aux salariés du WWF et visait à réduire leur empreinte écologique en donnant une seconde vie aux produits;
  • Le nodo obelisco de Buenos Aires accueillait tous les Argentins qui souhaitait participer à un programme d’alphabétisation économique et se lancer dans l’entrepreneuriat
  • Los sistemas de trueke du Venezuela regroupent les habitants d’un même village ou d’une même commune et s’appuie sur la participation populaire pour réactiver les économie locales

Chaque club de troc imagine son propre design monétaire et ses propres règles

  • La plupart fonctionnent sur la base du crédit mutuel. Chaque compte individuel est crédité lorsqu’on « donne » et débité lorsqu’on « reçoit », le solde global des débits et des crédits étant toujours nul.
  • Dans le nodo de San Marco de Sierras (Argentine), la monnaie en circulation est adossée à une réserve constituée d’un stock de produits (produits alimentaires, produits d’hygiène…)
  • A l’Accorderie, on nous offre X heures de service au moment de notre adhésion. Dans d’autres clubs on commence à 0, où même à crédit (à 0%).
  • Dans les nodos Argentins, la règle c’était la parité avec les prix du marché traditionnel, 1 pesos = 1 credito. Dans les SEL en France les prix sont complètement déconnectés des prix du marché.
  • Dans le nodo de Venado Tuerto (Argentine) la monnaie est fondante*, elle perd de sa valeur si elle n’est pas dépensée.
  • ….

Des sphères économiques complémentaires, il existe des ponts entre le marché traditionnel et les marchés du troc

Si leurs systèmes monétaires sont volontairement totalement déconnectés du système monétaire traditionnel, ces sphères d’échanges ne fonctionnent pas pour autant en vase clos.

Du marché traditionnel au marché du troc

  • Certains produits qui s’échangent sur les marché de troc sont des produits acquis sur le marché traditionnel dont on n’a plus usage et auxquels on souhaite donner une seconde vie : vêtements, livres, jouets … (d’autres sont produits spécialement pour satisfaire le marché du troc)
  • Ces dispositifs d’échange permettent aussi d’affecter des ressources non utilisées à des besoins non pourvus et ainsi de travailler la capacité oisive > excédent de ma production professionnelle > c’est là que c’est limite sur le marché noir !

Du marché du troc au marché traditionnel

  • Les club de trueque en Argentine délivraient de nombreuses formations techniques pour un retour à l’emploi, dans un premier temps sur le marché du troc, mais qui pouvait devenir un tremplin pour se réinsérer dans le marché de l’emploi traditionnel.

 

Retrouvez des exemples de clubs de troc

 


 

 

 

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