Trueke, les bonnes pratiques à retenir.

Si l’Argentine a vu naître dans le désordre, voire dans la confusion, une multitude de réseaux de troc différents ayant chacun leur propres règles, l’expérience vénézuélienne est elle bien plus ordonnée et structurée. Les 13 sistemas de trueke sont organisés autour d’un réseau national, et tous respectent les mêmes règles. Suite à notre première enquête sur le troc, en Argentine, nous avions dégagé 6 bonnes pratiques (retrouvez l’article). Si dans le cas argentin, face à l’ampleur du mouvement, la plupart n’avaient pu être maintenues conduisant à la chute du système, qu’en est-il au Venezuela ?

Contrôle de la monnaie

 

Chaque nouveau prosommateur reçoit à son entrée dans le système, une fois et une seule fois, 100 unités de compte (une base de données répertorie tous les membres). L’argent conventionnel ne circule jamais au sein des sistemas de trueke, aucun droit d’entrée, taxe de parking ou autre « droit de douane » n’est demandé, contrairement au modèle argentin. Une des règles fondamentales du réseau de troc vénézuélien est « pas d’argent » ! Le plus grand système compte 300 familles, tous se connaissent, il n’y a encore jamais eu ni fraude ni falsification.

Formations

 

Chaque nouveau participant reçoit une formation et doit participer à 2 ou 3 marchés de troc avant de pouvoir intégrer le club. Cette étape préliminaire lui permet de voir si cette façon alternative d’échanger lui convient. Des formations techniques sont également délivrées, notamment lors des rencontres nationales via différents ateliers: échange de savoirs ou encore agroécologie (un des ateliers les plus importants des rencontres).

Transparence et gouvernance

 

Chaque sistema de trueke est organisé autour de 5 comités (comptabilité, logistique, formation des nouveaux membres, qualité et valeurs, communication) comptant cha-cun 1 porte-parole principal et son suppléant, soit 10 représentants. Tous sont nommés en assemblée générale où chaque membre a le droit de vote et 2 sont nommés pour représenter leur sistema de trueke au sein du réseau national. Enfin, 1 porte-parole national est nommé pour représenter le réseau auprès du Ministère des Communes.

Culture du travail

 

La notion de prosommateur est au coeur du système de troc vénézuélien. En échange des 100 unités de compte offertes, à son entrée dans le club, le prosommateur s’engage à apporter un produit/service à échanger d’une valeur équivalente. Lors des différents marchés auxquels nous avons participé, très peu de produits d’occasion se sont échangés (à l’exception de quelques vêtements et livres). Nous avons été impres-sionnés par la diversité et la richesse des productions personnelles de chacun : gâteaux, vins, conserves, fruits et légumes, plantes, savons, bijoux, chapeaux, sculptures, tee-shirts, sacs …

Rotation des responsabilités

 

Nous avons pu assister à la dernière assemblée générale du réseau, qui se tenait pendant les rencontres de fin juin. A cette occasion, a été voté la rotation de la voceria nacional. Yolan-da porte-parole nationale depuis 2 ans (et première porte-parole nationale du réseau) sera remplacée dans les mois qui suivent, une élection aura lieu prochainement.

Idéologie solidaire

 

L’objectif du réseau est, selon les mots de leur porte-parole, de « créer une économie locale, durable, basée sur le respect de la terre, des hommes et des ressources endogènes de nos économies ». Après 1 mois passé avec les acteurs du troc vénézuélien, nous pouvons témoigner, nous avons retrouvé cette forte idéologie solidaire non seulement dans les discours mais aussi dans les gestes et attentions de chacun. Nous avons été accueillis comme des membres de la famille et nous gardons un souvenir intense de cette expérience.